Wallisellen, le 11 avril 2019 - Les entreprises suisses gardent le moral, mais s’inquiètent de plus en plus des risques de change constants, des discussions récurrentes sur le protectionnisme et des lacunes en matière de gestion des risques. C’est ce que confirme le «moniteur 2018 des risques à l’exportation», pour lequel la Haute école spécialisée bernoise a interrogé cette année encore plus de 300 entreprises exportatrices suisses à la demande d’Euler Hermes.

L’alerte n'est pas levée: les entreprises redoutent toujours les risques de change
Selon l’enquête réalisée, 90% de toutes les entreprises interrogées subissent les conséquences des risques de change, un chiffre extrêmement élevé. Un tiers d’entre elles en souffrirait même de manière significative. «Le franc fort pèse à double titre sur les entreprises actives internationalement. D’une part, certaines entreprises ne parviennent pas à générer une marge durable par rapport à l’euro. Pour que la situation soit plus détendue, la valeur de l’euro devrait idéalement être relevée de 10% supplémentaires par rapport au Franc suisse. D’autre part, les entreprises subissent encore considérablement les conséquences de la flambée soudaine du Franc suisse suite à la suppression du cours plancher par la Banque nationale suisse en 2015», indique Stefan Ruf, CEO d’Euler Hermes Suisse.

Le spectre du protectionnisme
En 2018, les entreprises exportatrices s’attendent à un renforcement des risques politiques. Près de deux tiers d’entre elles (58%) déclarent ainsi craindre une hausse des risques à l’exportation due au protectionnisme grandissant. Les mesures qui pourraient être mises en œuvre aux États-Unis (l’un des principaux pays d’exportation de la Suisse) intensifient davantage encore ces inquiétudes. Les entreprises espèrent que l’industrie d’exportation suisse, plutôt spécialisée dans des niches étroites, sera moins touchée par les dérives que les pays essentiellement actifs sur les marchés de masse, comme la production d’acier. «Nous sommes un prestataire de niches, nous pouvons donc opérer la plupart du temps hors du réseau. Souvent, le protectionnisme ne touche que les grosses branches industrielles, comme l’industrie solaire et automobile ou celle des appareils électroménagers», explique l’une des entreprises interrogées.

Gestion des risques: des améliorations sont nécessaires 
Bien que le thème de la «conformité» (compliance) ait considérablement gagné en importance à l’échelle internationale, seules 29% des entreprises suisses indiquent se conformer aux lois en vigueur en matière de corruption dans les pays d’exportation. L’introduction de principes de conformité n’est également citée comme mesure pour lutter contre les risques d’insécurité juridique que par un tiers seulement des entreprises interrogées. 

En matière de défaut de paiement des clients étrangers, bon nombre d’entreprises se pensent faussement en sécurité. 88% des entreprises sans assurance-crédit déclarent ne pas souscrire une telle assurance car les défauts de paiement internationaux étaient rares dans le passé. 

Protection insuffisante contre les cyberrisques
Pour la première fois, l’enquête 2018 s’est intéressée aux cyberrisques. Sur les principaux marchés des exportateurs suisses, notamment la Russie, la Chine et l’Inde, ces risques sont très importants. Les entreprises connaissent le danger, mais ne sont pas suffisamment protégées. Seules 22% ont mis en place une procédure de gestion des crises et incidents et seules 23% font vérifier la protection et la sécurité de leurs données par des organismes indépendants. Les cyberrisques sont-ils alors suffisamment pris en considération dans le processus de gestion des risques des entreprises? On est en droit d’en douter. 

Ambiance et exportations toujours au beau fixe
«Après une année d’exportation de nouveau positive en 2017 (croissance des exportations de 4,7%), les entreprises s’attendent à une nouvelle hausse des exportations dans de nombreux pays. Elles tablent surtout sur un développement positif des trois principaux marchés d’exportation en Suisse, à savoir la Chine/Hong Kong (taux d’exportation de 8%), les États-Unis (15%) et l’Allemagne (19%). Une évolution positive est même attendue pour la Grande-Bretagne, en dépit du processus du BREXIT. Quant aux exportations vers la Turquie et le Brésil, nous nous attendons à un volume stable, voire légèrement en hausse», indique Paul Ammann, responsable de l’Executive MBA à la Haute école spécialisée bernoise.

Une croissance solide pour l’économie suisse 
«En 2018, nous tablons sur une poursuite du développement économique dynamique en Suisse», rapporte Gregor Eder, économiste senior pour Euler Hermes et pour le groupe Allianz. «Selon nos estimations, le produit intérieur brut réel devrait grimper de 2% cette année. Nous comptons sur une demande intérieure durablement animée. L’activité d’investissement devrait notamment continuer de croître significativement. De fortes impulsions de croissance devraient également venir de la demande d’exportation. Les principaux pays acheteurs des biens exportés par la Suisse continuent d’enregistrer un développement économique vraiment dynamique. Étant donné que les mesures protectionnistes ne devraient pas connaître une extension importante à l’échelle mondiale, les répercussions négatives pour les exportations suisses devraient aussi rester relativement limitées.»

Téléchargez l’étude complète sous le lien suivant (en allemand).

 

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